Tout débuta en 1921, lorsque les multiples ligues présentes sur l’ensemble du territoire national, se réunirent pour créer le Fédération de Football Association, l’ancêtre de la FFF actuelle. A Luxeuil, cet élan interpella quelques notables : Aubry, Donnot, Chapelain, Vuillemard, Wisner et Noir, qui pour certains avaient évolué avec la section sportive du Lycée au cours de l’année 1913 sur un terrain tracé à l’emplacement de l’actuel supermarché Auchan.


Une  équipe fut constituée, nommée F.C.L, le Fecele selon la prononciation du moment, sur le terrain du tissage, avec nombre d’ouvriers du quartier. La phalange ne disputa que des matchs amicaux, souvent devant une véritable foule ceinturant l’aire de jeu. Déjà deux joueurs émergent : Le goal Georges Guérin et l’inter Joseph « Irènée » Gaidot, doté d’une frappe légendaire. Les deux compères resteront pour la postérité les « Stars » d’avant-guerre. Hélas l’expérience s’arrêtant en 1929, le terrain est redevenu une friche déserte.


Pourtant le 9 novembre 1932, dans la salle du célèbre café-dancing Magic Sport, tous les passionnés sont à nouveau présents, pour créer l’ASL, sous la présidence du Directeur de l’usine Marc Gauthier et du secrétaire René Grosjean. Malgré l’effectif fourni et le soutien inconditionnel des supporters, le club n’organise que des rencontres non officielles, ne tirant que peu de profits de l’utilisation du plus joli stade de la région construit en 1938.


Pendant le conflit 39-45, les footballeurs, tentent de se fédérer pour créer une compétition, qui soumise au bon vouloir de l’occupant n’alla pas à son terme.


En ces temps de liberté retrouvée, l’ASL, en 1946, se normalise et s’affilie enfin à la ligue de Bourgogne-Franche-Comté, disputant d’entrée le championnat de Promotion. Cette fois les ambitions sont réelles, et commence la campagne de recrutement, les « Thermaliens », attirant les joueurs de la périphérie, et surtout des licenciés de Saint-Loup, Moulins, Chaumont et Belfort. Parmi cette pléïade de champions figure Georges Lalloz, qui en plus de son talent de footballeur se destine au poste d’entraîneur, plus tard classé major national l’ors de l’examen du Brevet d’Etat.


Fort de la légitimité engendreé par ce diplôme d’excellence, « Jojo » peut développer sa stratégie destinée à former et incorporer les jeunes locaux au sein de l’équipe fanion. Bientôt le président Marcel Bernard et son staff, obtiennent, en 1953, la première coupe départementale de l’histoire moderne, préfigurant une grande équipe disputant le championnat de Division d’honneur, ainsi apparaissent : Entre autres, Robin, Jeanmougin, Deichelbohrer, Ducret, puis Lassalette issu de Demangevelle avant d’embrasser une carrière professionnelle, et Gilles Galmiche, sélectionné international juniors.


En 1963, le drame industriel, lié à la fermeture du Tissage Mieg, va détruire l’âme de l’ASL, dont les ouvriers ont écrits la majeure partie de la légende débutée en 1921.


L’ASL est à reconstruire, le Président Boschiero et l’entraîneur Christan Lemort tentent de redorer la blason, ainsi, le club continue en promotion. Puis Jean Hennequin nouvellement installé dans le fauteuil présidentiel contracte à nouveau avec Georges Lalloz pour des saisons « sans histoire ». En entrant dans les année 70, le standing du club régresse malgré la présence de bons techniciens : Lavabre, Jeanmougin, Joubert, Farget puis à nouveau Georges Lalloz alternant entre la P.H et la P.L.


Heureusement, en 1975, les édiles, insatisfaits de la détresse du doyen du sport collectif  local, décident de favoriser le club. Ansi Jean Hennequin et son adjoint Jean Paul Roussel, contactent Bernard Pheulpin, un ancien « de la Maison », joueur-entraîneur réputé, nanti d’un formidable carnet d’adresses.  Son influence est telle que la glorieuse ASL, recrute à nouveau au sein des footballeurs de haut niveau, afin de constituer une formation compétitive susceptible d’accéder au championnat national. Luxeuil vit à nouveau pour le foot, puisque en novembre 1977, le match de coupe de France contre les professionnels bisontins attire trois mille spectateurs dans l’enceinte du stade.


Suite au départ du coach, l’intérim  est assuré par le populaire, une authentique « idole des jeunes », Daniel Tonna, avant l’arrivée de Philippe Moureaux, plus tard entraîneur de l’équipe de France des moins de seize ans.


Le foot luxovien s’attriste du décès de son plus fidèle serviteur, Jean Hennequin, mais la continuité de l’œuvre est assurée par la prise de fonctions de Jean-Paul Roussel irradiant le groupe de sa passion si communicative. Au fil du temps les nombreux supporters découvrent une succession d’étoiles : le gardien Anthunès, le défenseur Tonna, le formidable buteur Billotte, l’ex-professionnel Boileau, le surdoué Ben Varina, les formés à l’école de foot, Py, Alain Mauffrey, Chassard, Lotzer, Estève, Olivier Mauffrey et le futur pro Estabès.

Le football luxovien a cent ans

Comme tous les cycles, celui-ci, à partir de 1990, poursuit sa lente descente suite au retrait de Jean-Paul Roussel, et la moyenne des spectateurs tombe à trente malgré la présence du plus jeune président de l’histoire Stéphane Pernot et à l’exploit de Daniel Tonna, qualifiant son groupe de « moins de quinze ans » pour le championnat de France en compagnie des centres de formation professionnels.

Cette performance hors normes, n’empêche pas toute la structure d’être ébranlée, devant l’impossibilité de « trouver » un président. En 1994, l’avenir de la société inquiète. Apprenant que le pétanqueur Jean-Pierre Péquignot doit abandonner son sport pour six mois, suite une tendinite, Jean Molle va le rencontrer et le décide à diriger un club où sa famille alignera, depuis 1921, des licences pendant cinq générations.


Homme de marketing, le néo-président rencontre le monde économique et lance un magazine gratuit relatant la vie des hommes en rouge et blanc. Servi par la chance il accueille Luc Floquet, gardien de but professionnel en Belgique et les joueurs de D3, Soulagnet et Coulet. Une formidable campagne de coupe de France, calquée sur un championnat sans défaite, totalisant une moyenne de trois cents spectateurs, réintègre l’ASL, chez elle, en division d’honneur !. Les cinq années du mandat de Jean-Pierre Péquignot, ont vu notre cher club se mêler plusieurs fois à l’accession en championnat de D3.


Pourtant la philosophie, de « l ‘Assoce » ayant vécu et le métier de « Dirigeant » inclus maintenant une forte dose de gestion des égos générant force conflits et revendications. Cet état d’esprit n’est plus supportable, poussant l’homme fort du club à passer la main. Ce retrait, déclenche une terrible crise voyant l’équipe fanion chuter de six divisions. Cette période est caractérisée par la « Valse » des présidents et éducateurs, sans que personne ne découvre la solution  nécessaire au rebond.


Les adhérents doivent patienter jusqu’en 2008, et l’arrivée du duo Bonnefoy - Péquignot, lesquels s’empressent de confier le staff technique à Luc Floquet, leur présence aux commandes rend confiance à l’environnement et le recrutement est prolifique récompensé par l’acquisition de deux coupes de Haute-Saône. Pourtant, les partisans du foot-loisirs majoritaires au sein du comité eurent tôt fait d’écarter, après seulement deux années, les porteurs d’ambitions « pour retrouver la tranquillité sans rêve d’accession .. ! ».


Vite lassés, tous ces dirigeants, laissent le seul Jean-Jacques Bardenet aux commandes, malgré sa force de travail le club s’approche inéluctablement du dépôt de bilan. Cette perspective, insupportable pour Jean-Pierre Péquignot le ramena aux « Affaires » en compagnie de Daniel Lemort, puis Julian Guyot.


Notre vieux club, rayonne à nouveau grâce aux jeunes  déjà présents avant l’an 2000, qui ayant grandis, avec à leur tête Julien Olivier, ex-membre de l’équipe de France des moins de seize ans,  viendront sauver leur association de coeur, s’installant en promotion et se mêlant à chaque exercice aux prétendants à l’accession à la Division d’Honneur.


Mais en 2017, une nouvelle direction rajeunie, reprochant à Jean-Pierre Péquignot de ne pas être assez dépensier, prit les commandes, par conséquent le vice-président - trésorier démissionna. Et l’ASL après seulement une année de cette particulière gestion fastueuse, glissa vers le néant, ruinée et endettée.


Aujourd’hui l’association n’existe plus. Heureusement, un autre club le F.C. Pays de Luxeuil vient de se créer pour tenter de continuer à écrire l’histoire.