En 1947, débute donc la première édition, avec peu d’engagés, car les associations sportives, florissantes avant guerre, éprouvaient quelques difficultés à revivre.


Les trois premières éditions organisaient le chassé croisé entre les Ronchampois forts de leur brillante colonie polonaise et les clubs arcois, surtout  « l’Espé » où se distinguait déjà « Titi » Pralon promis au statut de futur cadre de la grande équipe de CFA qui se dessinait.


A l’aube des années cinquante, les stigmates de la guerre, s’estompaient, le rationnement disparaissait, les entreprises embauchaient et une atmosphère joyeuse s’installait, d’ailleurs les associations organisaient toutes sortes de manifestations que le public fréquentait en masse. Le football retrouvait son attrait antérieur, partout les mains courantes étaient garnies de nombreux supporters, et c’était le début d’un engouement populaire particulier pour la « finale » de la coupe, à laquelle il était de bon ton, que l’on soit spécialiste ou profane, d’assister à l’événement, pour peu qu’il se déroule près de chez soi, ainsi les « touches » garnies de mille à deux mille spectateurs allaient devenir la norme.


En 1951 et 1952 les responsables départementaux avaient choisi Luxeuil, dont le stade possédait d’importantes capacités d’accueil comme théâtre des finales, sage décision puisque le public envahit les tribunes. Sur le terrain apparaissait un nouvel acteur, qui marquera plus tard, la réussite Haut-Saônoise, Vesoul emmené par son prometteur attaquant Jean Mouret, qui encore cadet, il était d’ailleurs le lauréat du concours du jeune footballeur, totalisait un nombre de buts, jusqu’à cinq par rencontre, rarement égalé.


L’année suivante, l’ACC Arc, dont c’était le champ du cygne, affrontait, et était sévèrement battu par Luxeuil dont l’entraîneur Lalloz commençait à façonner une équipe destinée à s’illustrer pendant dix ans au sommet régional.


Cette saison, Luxeuil  ayant complètement rajeuni son effectif, se présentait avec six juniors, les « Gosses de Lalloz », les futures « stars » du football régional, étaient presque tous là, et leur victoire, en disposant d’une vieillissante équipe de Ronchamp, toujours emmenée par Wasnieski, prenait une allure de passation de pouvoir.


Coucou, voici Héricourt, l’entraineur joueur, ex-pro rémois, Vernay et son joueur Gaston Gable, avaient mis sur pied une grande formation disposant facilement des coéquipiers de Christian Lemort, alors joueur à Fougerolles.


En 1955/56, après une saison en Division d’Honneur, Luxeuil peut à nouveau disputer et… gagner la coupe, grâce à un but de Lamblin, dont le « sobriquet »… Bel homme !, faisait des envieux.


Arc les Gray est toujours présent parmi les prétendants, cette fois sous l’impulsion des frères Meulle, ce sont les vésuliens qui font les frais de l’opération.


En mai 1958, les luxoviens sont de retour, confirmant leur statut de favoris, pour la circonstance ils « sortent » de sa retraite le vétéran Guillez, l’un des leaders du début des années cinquante, lui offrant ainsi son premier trophée.


Vintage : Le sporting club lupéen, pensionnaire, avant et après guerre du championnat honneur national, possède encore dans ses rangs quelques titulaires de cette grande époque. L’un d’eux, Pierre Rebourcet et son pied gauche magique offre la coupe 1960.


L’année suivante, Dame Coupe tombe sous le charme de Conflans, petit club, situé entre les deux bastions Luxeuil et Saint-Loup, elle assiste avec tendresse au parcours de cette équipe, dont les joueurs avaient eux-mêmes reconstruit le terrain des bords de la Lanterne, justifiant leur appellation de « Réveil ». Bien sûr ils sont lourdement défaits par Arc-les-Gray. Malgré le score, se révèlent Molle et Thiebaut à l’aube d’une carrière dans des formations plus huppées.


Au fil des ans, les générations d’Arc les Gray sont toujours aussi performantes, cette année l’ailier Forest auteur d’un doublé permet à la coupe de revêtir des parements « Vert et Blanc ».


Des intempéries s’abattent sur le département obligeant à remettre de nombreuses rencontres de championnat, celui-ci étant prioritaire, la coupe est supprimée pour 1963.


Le jour de l’inauguration de son stade, Lure, battant au passage le record de fréquentation, dispose logiquement de Pesmes, avec notamment un but de l’arrière central Cordier marquant directement depuis son camp.


En plein doute depuis la fermeture du tissage en 1963, et le départ, des grands joueurs ayant construit son glorieux passé, Luxeuil où évoluent encore Ducret et Jeanmougin se heurte à l’efficacité de Wassilief et Figini, et laisse partir l’objet d’art tant convoité à Héricourt.


L’année suivante, Héricourt, dont la cage est défendue par le futur pro Jacky Nardin, doit s’y reprendre à deux fois pour empêcher le Stade de Gray, nouveau venu dans le concert des prétendants.


La saga lupéenne débute difficilement, devant mille quatre cents spectateurs, puisque comme en 1966, deux matchs seront nécessaires pour désigner le gagnant dont le gardien Jacky Roger auteur d’une prestation époustouflante.


De mémoire, personne n’avait connu un tel engouement, puisque près de deux mille supporters ceinturaient le rectangle vert, pour ce qui promettait d’être « le match de l’année ». La confrontation, entre Saint-Loup et Gray, tint toutes ses promesses et le public s’enflamma, quand Delemer, l’enfant du pays, donna la victoire à ses couleurs.


Voici Saint-Loup, prêt à entrer dans l’histoire. En effet qualifiés pour la finale, les joueurs portent l’espoir de toute une ville rêvant de l’exploit irréalisé jusqu’alors de trois victoires consécutives. Il sont donc mille cinq cents à Luxeuil pour ce match historique contre les redoutables vésuliens du Football Club . Comme d’habitude Roger et Ferrero protègent efficacement l’accès de leur cage, et les attaquants rassurés inscrivent les trois buts de la victoire. Le graal est atteint et les hommes de la cité du meuble peuvent rejoindre la Division d’Honneur.


En 1970, les instances s’interrogent sur les moyens d’augmenter l’attractivité de l’épreuve, et imprégnées par la philosophie « Coupe d’Europe » décident de faire disputer les demi-finales en aller et retour. L’option nouvelle conforte les décideurs puisque les finalistes sont d’une telle égalité de niveau, que quatre heures, deux matchs plus deux prolongations, ne suffisent pas à les départager. Au final  Héricourt majoritaire aux corners emporte « le gros lot ».


L’acquisition de la coupe démontre, entre autres,  que les clubs qui connaîtront un destin régional voire national, ont chaque fois débuté leur cycle, par une ou des victoires dans la compétition départementale. C’est encore le cas pour Dampierre et sa constellation de grands joueurs tels Guichardan, Champion, Will, Liquet et consorts. Cette addition de talents permettant de disposer largement de Vesoul, puis Pesmes.


Promis à un destin national identique à celui de Dampierre, Vesoul a regroupé ses deux entités sous la bannière de l’USFC, à partir de 1973, et présente une forte équipe constituée par les meilleurs des deux anciens « teams ». L’heureuse idée de la fusion permettant, dès la naissance, de placer le trophée, par deux fois, dans la vitrine de la nouvelle association.


Parallèlement, Fougerolles, dont l’avenir s’écrira aussi en  termes « National » participera à trois finales consécutives pour n’en gagner … qu’une aux dépens du Stade de Gray par la grâce de son duo d’attaque Chassard – Lepaul.


Entre temps, à l’issue de la saison 1975/76, se produit l’événement considéré, encore aujourd’hui, comme un exploit au retentissement historique, de la victoire du village rural de Baulay, cette réussite justifiant le bien fondé de l’inscription annuelle de tous les clubs, même les plus petits, puisque depuis ce jour les faits ont démontré que même le moins probable…. était possible.


Pourtant au vu du tableau du tirage l’avenir des gars de la vallée de la Saône paraissait sombre. En quart de finale se dressait Luxeuil dont le recrutement en vue de multiples accessions était presque finalisé, cet obstacle franchi ce fut au tour de la phalange Scey-Port d’être écartée,  lors  d’un  match  retour  joué  devant sept cent

Un demi-siècle de Coupe de Haute-Saône

cinquante spectateurs. Tous pensaient que l’aventure se terminerait lors de l’ultime partie contre Fougerolles alignant sa talentueuse jeunesse. Pourtant les frères Coudry, le buteur Mathieu et tous leurs copains remportaient la plus importante victoire de l’existence de l’A.S. Baulay.


En 1979, Rioz pousse les Dampierrois, représentés dorénavant par leur équipe B, à la prolongation, mais l’équipe constituée avec « les anciennes gloires du club » utilise son expérience pour continuer à séduire dame coupe.


Raddon, le vieux club des vosges saônoises, s’invite à l’ultime partie avec son brillant attaquant Grillot, dont la prestation déroute les Noidannais, permettant à la coupe de séjourner une année au milieu des sapins.


Derby particulier en ce printemps 1981. Saint Loup doté d’une importante population issue du Portugal, ayant constitué une association culturelle, comprenant le football, défie le Sporting, dont le trio d’attaque, emmené par Jean Ben Varina est également d’origine portugaise. En définitive le sporting inscrit son nom, pour la sixième fois… dont l’une en 1937, au palmarès.


Sur la route des ambitieux marnaysiens, dont « Le Cha » l’ancien buteur ne mène plus l’attaque mais occupe le poste de Président, voient se dresser sur le chemin de la gloire leurs voisins Dampierrois dont ils connaissent, hélas, la redoutable efficacité.


La cinquième gagnée, sur six finales disputées, de René Liquet. Jour de gloire pour cet avant centre, recordman des victoires pour le vingtième siècle. Auteur, pendant sa longue carrière, d’innombrables réalisations, surtout dans cette particulière compétition semblant faite pour lui. Pourtant Port sur Saône avait obligé ses adversaires à un match d’appui. Mais à la fin, comme d’habitude, c’est Dampierre qui gagne !.


Séquence nostalgie, pour le millésime 1984. Ronchamp est de retour, trente quatre ans après son premier succès. Comme de bien entendu, il y a toujours un Wasniewski à la pointe de l’attaque. En 1949, Senek  était l’auteur de trois buts, aujourd’hui, son fils Bernard en a inscrit deux, faisant chavirer de fierté cette population ouvrière laborieuse pour qui l’ESR est, au fil des générations, le ciment indestructible.


Le grand club marnaysien créé en 1929, a souvent présenté des équipes performantes, mais la coupe se refusait toujours aux gars des bords de l’Ognon. Une première défaite lors de la finale de 1982, avait ouvert « l’appétit », cette fois le destin accordait une nouvelle chance, contre des adversaires peu habitués à être conviés à un tel rendez-vous. Plus d’un demi-siècle après sa création, le foot de Marnay peut enfin aménager une étagère pour exposer le trophée.


« Atypique : Qui diffère du type normal ou habituel. Qui est inclassable, hors norme» rarement un adjectif définit si précisément le parcours victorieux, en 1986 du club de Vars. « Atypique » parce que le gardien Roveretto, a signé sa première licence en séniors, sans jamais avoir joué chez les jeunes. « Atypique » parce que l’équipe comprenait quatre frères Roveretto. « Atypique » car il est très rare qu’un village de cent quatre vingt dix habitants emmène son équipe de la base du District à la Promotion d’honneur.


Sept ans après, les cadres raddonnais sont toujours présents y compris Grillot, le héros de la première réussite, aujourd’hui un autre avant centre se présente « pour le remake », il se nomme Béclier et lui aussi sera impliqué dans trois buts concourant à la victoire. En face Vaivre subit « la malédiction Biton », présent comme joueur ou entraîneur dans quatre parties finales, le sympathique « Pierrot » en a perdu …. trois et un nul, et commence  à trouver le temps long !.


Elle a pris goût à l’air pur, cette coupe, puisque après un an à l’ombre des sapins, elle prend ses quartiers, en 1988 au bord de l’ognon dans le coquet bourg de Villersexel, dont Michel Adam est, dorénavant, le Président … entraîneur.


Revoilà Vaivre, Pierre Biton est toujours sur le banc … et à la fin… ce sont les adversaires  qui  gagnent,  en  l’occurrence  Vesoul,  composé par un amalgame d’anciens et futurs grands noms du football disputé sous l’œil de la Vierge de la Motte.


Situé entre Luxeuil et Raddon, qui eux l’ont remportée plusieurs fois, Froideconche, désireux de se mettre au diapason, s’est attaché les services du grand joueur-entraîneur Philippe Lepaul, son action permettra d’accompagner ses voisins au sein du prestigieux palmarès dès 1990.


Froideconche, de nouveau en finale, espère avoir enclenché le début d’une série, mais les solides marnaysiens, et leur leader d’attaque Mouchot rappellent tout le monde aux dures réalités de la compétition.


En 1992, Aillevillers dispute sa première finale, alors que Dampierre (aujourd’hui USDOV) en est, maintenant, à sept dont … six gagnées. Prouvant que « les anciennes gloires » ont bien vieilli.


Bis-répétita, on prend, Raddon et Vaivre, les mêmes clubs qu’en 1987 , et l’on recommence ….. et à la fin ….. c’est pareil, Raddon peut à nouveau garnir son armoire aux trophées.


Le vieux record, cinq victoires en six finales, datant de 1983, détenu par René Liquet, vient d’être égalé par Michel Will, avec les mêmes statistiques, sauf que le nouveau co-recordman a mis … vingt deux ans pour y arriver ! (de 1972 à 1994).


Melisey, dont c’est la première présence en finale, compte dans ses rangs des joueurs ayant connu le haut niveau, et surtout ses buts sont protégés par l’indestructible Carrière, permettant de troquer ainsi le statut de novice, en membre du cercle restreint des vainqueurs.


Treize ans après sa première et unique finale, Port, en partie par la grâce du prodige Nantillet, tient son premier titre d’envergure et se prépare à vivre une période faste qui l’emmènera jusqu’à la Division d’Honneur.


1997, encore une histoire de famille, « Les » Chaillard ayant quitté Vesoul, font le bohneur de Colombe, avec Jean-Marie, finaliste, comme joueur, en 1969, aujourd’hui entraineur de ses deux fils et de son neveu. A noter le présence, aussi, de deux Ambruster dans l’équipe.


On rejoue …. Les anciens contre les modernes ….. Colombe, majoritairement composé d’EX-vésuliens affronte une forte « Réserve » avec plusieurs NEO-vésuliens. Comme souvent, en sport, les jeunes  l’emportent … mais de peu !.


Plus qu’une année avant la fin du siècle, et Dampierre bat le record en inscrivant huit fois son nom au palmarès, additionnant les victoires de ses équipes « premières et réserves »


Le vingtième siècle, celui qui a vu tout le mouvement sportif s’organiser, se termine en apothéose pour les vésuliens, égalant in-extrémis, avec un cheminement identique, la performance dampierroise.